Chez Canal+, la rentrée 2023 se veut studieuse. Et force est de constater que la nouvelle fiction télévisuelle 66-5, si elle ne révolutionne pas le genre, est une habile série judiciaire portée par une Alice Isaaz en grande forme. On fait le point.
Note : 8.25/10
Les Créations Originales de Canal+ se suivent mais ne ressemblent pas toujours, même si leur qualité reste sensiblement similaire. Après les policiers (Engrenages, B.R.I., Braquo), les espions (Le Bureau des Légendes) ou encore les médecins (Hippocrate), c’est au tour des avocats et des juges d’être sur le devant de la scène, avec 66-5, série dont le nom provient d’un article de loi.
Plaidoiries en série
Roxane est une jeune avocate d’affaires brillante, passionnée et promise à un avenir radieux au sein d’un prestigieux cabinet parisien. Mais son monde s’écroule lorsque Samuel, son mari et confrère, est accusé du viol d’une ancienne stagiaire. Prenant fait et cause pour son mari, Roxane croit tout d’abord à la théorie de l’ex-stagaire revancharde. Roxane se retrouve alors confrontée à ses origines banlieusardes et à un passé douloureux. D’autant plus que sa mère lui apprend que sa soeur continue de faire des siennes…
Alors bien sûr, Roxane n’a pas l’étoffe ni l’expérience d’une Joséphine Karlsson (incarnée par Audrey Fleurot) de la série Engrenages, mais c’est somme toute logique. Roxane est jeune, relativement inexpérimentée et confrontée à des évènements professionnels comme personnels plutôt éprouvants. D’autant plus qu’après avoir réussi à quitter sa banlieue natale pour intégrer un prestigieux cabinet d’avocats, elle se retrouve désormais contrainte de faire le chemin inverse… ce qui n’est pas évident. Et encore plus lorsque l’on est une femme.
Son inexpérience ne l’empêche nullement de réussir et de tenir bon face à une juge ou une consoeur plutôt inflexibles dans le premier épisode de la série, en défendant un petit voyou vraiment méprisable. Elle va également devoir revoir Bilal, un fantôme de son passé…
Murder One au féminin
Dans les séries, les personnages forts sont souvent indissociables du talent de leur interprète et qu’ils ne sont pas de simples personnages joués. Qui, mieux que Bryan Cranston, aurait pu se glisser dans la peau de Walter White ? Qui, mieux que Diana Rigg, aurait pu être Emma Peel. Dans 66-5, c’est très similaire, en réalité : qui, mieux qu’Alice Isaaz, aurait pu jouer Roxane, jeune avocate aussi forte que fragile ? Sans doute personne. La jeune comédienne, déjà vue dans les très réussis Couleurs de l’incendie et Elle, obtient, grâce à Anne Landois, le rôle qui devrait lui permettre d’enfin montrer son immense talent au grand public.
À ses côtés, le toujours excellent Alain Bouzigues, cette fois dans un rôle sobre, sombre et dramatique, ainsi que les toujours surprenants Raphaël Acloque et Victoria Grosbois. Pas de grosse tête d’affiche, donc, mais des comédiens sensibles et attachants suffisamment connus pour être rassurants pour le public qui pourrait être sceptique quant à la série.
Imaginée par Anne Landois, déjà à l’oeuvre sur Engrenages, 66-5 s’avère être une bonne série judiciaire. Une série (presque) sans clichés et dont l’intrigue comme le rythme devraient vous permettre de passer un agréable moment devant Canal+. Alterner entre présent et passé, mais également entre Paris et la banlieue permet de donner un souffle bienvenu à la série, lui évitant ainsi de sombrer dans de grossières facilités scénaristiques.
La série, composée de six épisodes, est diffusée chaque lundi, à partir du 18 septembre, sur Canal+, dès 21h10.
Allez-vous regarder 66-5 ? Dites-le nous dans les commentaires.
N.V