Projeté lors de l’édition 2024 de Reims Polar, en avril dernier, Sons est le nouveau film du suédo-danois Gustav Möller, réalisateur de l’excellent film The Guilty. Un thriller carcéral puissant et porté avec brio par Sidse Babett Knudsen, et qui sort ce mercredi 10 juillet dans les salles françaises.
Note : 8.75/10
Après le succès de son précédent film, The Guilty, un quasi huis-clos particulièrement oppressant et bien écrit, et un remake US par Antoine Fuqua lui-même, Gustav Möller a pris le temps pour réaliser Sons, un thriller carcéral puissant et réaliste qui, à l’instar du français Borgo également projeté lors de Reims Polar 2024, est porté par une surveillante de prison en proie aux doutes.
Eva est une surveillante de prison particulièrement dévouée à son travail. Gentille et juste avec les détenus qui l’affectionnent et qu’elle appelle par leur prénom et à qui elle propose diverses activités récréatives, elle voit sa vie basculer lorsqu’un nouveau détenu, Mikkel, est transféré dans le quartier de haute sécurité de la prison dans laquelle Eva exerce. Bien vite, cette dernière demande à être mutée au sein du quartier de haute sécurité. Mikkel, considéré comme dangereux voire psychopathe, va peu à peu se rapprocher de la gardienne…
Dès les premières images, terriblement poignantes, au sein du quartier de haute sécurité de la prison, on ne peut s’empêcher de voir le parallèle entre Sons et Oz, l’emblématique série d’HBO. Pourtant, Gustav Möller nous a affirmé n’avoir jamais fait le lien avant que des gens lui en parlent lors de Reims Polar, en avril dernier.
La francophone Sidse Babett Knudsen, qui incarne Eva, est une grande actrice, et le grand public le sait déjà depuis sa prestation remarquée dans la série Borgen, une femme au pouvoir. Dans Sons, elle joue double jeu avec son personnage de gardienne de prison en apparence bienveillante et affable, mais qui cache en réalité un lourd secret. Face à elle, Mikkel, incarné par le ténébreux et relativement méconnu Sebastian Bull, absolument terrifiant dans son rôle de (jeune) criminel. Pour compléter la distribution, l’excellent Dar Salim, dont la carrière ne cesse de grandir ces dernières années, pour notre plus grand plaisir.
Dans The Guilty, l’essentiel de l’intrigue se déroulait dans la salle du centre d’appel des secours, et au téléphone. Ici, l’unité de lieu est essentiellement centrée sur la prison et plus précisément le quartier de haute sécurité. Cela rajoute une certaine tension à l’intrigue déjà bien noire. Le caractère d’Eva évolue beaucoup tout au long du film et, même si l’on se doute quelqu’un cache. bel et bien quelque chose, la révélation finale reste une énorme surprise. La « charge » d’Eva dans la cellule, particulièrement surprenante et réaliste, est une grande réussite, en plus d’avoir surpris un large public lors des diverses projections lors de Reims Polar. La mise en scène, globalement sobre, et la BO, plutôt discrète, font la part belle aux nombreux « duels » qu’ont la gardienne de prison et le détenu tout au long du film. Entre ces deux-là se dégage une énergie quasi-animale, mais également quasiment fusionnelle. On regrettera juste une séquence dans un parc plutôt incohérente et globalement mal filmée, mais cela n’entache en rien la qualité finale de ce thriller très réussi : un probable futur classique du cinéma, quasiment au niveau de The Guilty. On ressort lessivé mais heureux d’avoir assisté à une projection de Sons, et on est content de la jolie poursuite de carrière pour un réalisateur aussi efficace que sympa que Gustav Möller !
Lors du festival Reims Polar, le film a reçu le prix Sang Neuf du jury jeunes de la région Grand Est, en plus d’avoir reçu de nombreux applaudissements lors des diverses projections de Sons durant le festival. Distribué en France par les Films du Losange, Sons sort dans toutes les bonnes salles de cinéma dès ce 10 juillet, et nous ne pouvons que vous recommander d’aller le voir !
Allez-vous aller voir le film ? Dites-le nous dans les commentaires.
N.V