Reims Polar a débuté avant-hier, mardi 5 avril, en fin de journée, avec la cérémonie d’ouverture et un seul film diffusé. Mercredi 6 avril, la programmation s’est étoffée et les stars ont foulé le « tapis noir » en nombre. Retour sur ce deuxième jour de cinéma au coeur de la Cité des Sacres.
Une programmation éclectique
La programmation a pris son rythme de croisière, en ce deuxième jour du festival du film policier de Reims. Huit salles ont ouvert leurs portes et accueilli, dès 10h30, un public aussi nombreux que motivé pour découvrir (ou redécouvrir !) des films ! Le public a aussi pu croiser Niels Arestrup, Hélène Fillières, Marie Drucker ou encore Santiago Amigorena. Ce dernier, scénariste pour Cédric Klapisch sur plusieurs films, est également connu pour avoir réalisé un superbe film injustement mésestimé intitulé Quelques jours en septembre.
Les films en compétition ont bien sûr eu une place de choix, avec Future is a lonely place, Assault, Rhino et Entre la vie et la mort. L’Espagne a sorti ses valeurs sûres, telles que Que Dios nos perdone et El Reino, pour ne citer que quelques pépites diffusées. Les hommages à Martin Campbell (The Foreigner), Vincent Lindon (Pour elle) et Walter Hill (Extrême Préjudice) se sont succédé. Et puis il y a eu l’hommage à Rodrigo Sorogoyen, cinéaste espagnol sur qui il faut compter depuis quelque temps déjà.
Hommage au prodige espagnol
Rodrigo Sorogoyen prouve amplement que le talent ne tient guère compte de la valeur des années d’un cinéaste. C’est en grande partie grâce ce réalisateur que l’Espagne a gagné ses galons de référence en cinéma policier depuis le début des années 2010. Les professionnels du 7e Art et le public sont conquis, que ce soit avec La Isla Minima, El Reino ou Madre. Et dans son dernier film en date As bestas, il a dirigé Denis Ménochet et Marina Fois, excusez du peu !
Et c’est d’ailleurs une étincelante Marina Fois qui est venue à Reims, ce mercredi 6 avril.
Après avoir conquis les photographes sur le photocall et le public massé en nombre derrière les barrières de sécurité, l’excellente comédienne, hélas trop rare au cinéma ces dernières années, a évoqué son travail avec Rodrigo Sorogoyen et lui a rappelé son énorme respect, dans la salle 1 de l’Opéraims.
Le réalisateur espagnol, francophone, aime faire jouer des comédiens de diverses nationalités, et cela donne une saveur particulièrement originale à ces films.
La neige, des loups et une école…
Côté séance des films en compétition, impossible de passer à côté de l’ovni venu du Kazakhstan intitulé Assault. En lisant le pitch, on pourrait penser à un drame. Des hommes armés et masqués pénètrent dans une école totalement isolée et retiennent les enfants, sans exiger de rançon pour autant. Les secours n’arrivant pas, un professeur de mathématiques, son ex-femme, le directeur de l’école, le prof de sport ou encore un policier vont alors unir leurs forces pour tenter de reprendre l’école.
En fait, les « sauveteurs » forment plus une belle bande de bras cassés, plus proches des héros de Father Ted ou des soldats de la 7e Compagnie que d’une unité du SWAT ou que de John McLane dans Die Hard. Si leur décision de vouloir sauver les enfants est tout à fait louable, les préparatifs s’avèrent nettement plus… compliqués. Et même, hasardeux.
Le film se déroule comme un immense compte à rebours avant le fameux assaut du titre : les sauveteurs se préparent comme ils peuvent, heure après heure, dans le froid, apeurés et mal équipés. La neige et la présence de loups n’aident pas non plus à préparer sereinement leur plan d’action.
Plutôt que de mettre en avant de la violence gratuite et de l’action pure et dure, le réalisateur, Adilkhan Yerzhanov, a préféré jouer la carte de l’absurde et de l’humour. On croirait chacun de ses personnages issus des Tontons flingueurs pour le physique, mais qui possèdent la maladresse d’un François Pignon.
Le réalisateur a voulu mettre en avant le rapport qu’il existe entre les proies et les prédateurs, mais également la notion d’isolement. Le film, très décalé, est assurément un film lorgnant davantage vers la comédie policière que vers un polar noir. Pour autant, Bruno Barde a fait le choix de sélectionner ce film pour intégrer Reims Polar et force est de constater que son choix est bon, voire très bon.
Pour être franc, Assault sera sans nul doute une bonne surprise pour les festivaliers, voire pour le Jury Compétition. Un petit film que personne n’attendait au tournant, à l’instar d’Onoda. Et on lui souhaite le même succès.
Le public présent dans la salle a souvent rigolé de bon coeur et même si la salle était relativement petite, il est probable que le bouche-à-oreille fonctionne bien pour ce film.
Note : 8.25/10
Une fois la nuit tombée, les festivaliers ont quitté l’Opéraims, histoire de reprendre des forces avant, très probablement, d’enchaîner avec le troisième jour, jeudi 7 avril ! De belles surprises s’annoncent…
N.V