27 juillet 2024

Dieumerci ! (en salles le 9 mars) (4.5/5)

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Avec : Lucien Jean-Baptiste, Baptiste Lecaplain, Firmine Richard, Olivier Sitruk, Jacques Frantz et Michel Jonasz.

Distributeur : Wild Bunch Distribution.

En deux mots…

Dieumerci, la quarantaine, sort tout juste de prison. Depuis toujours, son rêve est de devenir comédien. Un projet a priori irréalisable et surtout, irresponsable d’après son ami avocat (Michel Jonasz, dans un rôle à hurler de rire) et sa propre mère (Firmine Richard, parfaite en vieille sage aimante).

Pour tenter de réaliser son rêve, Dieumerci va alors s’inscrire à un cours de théâtre très réputé afin de préparer un concours. Là, son professeur l’enjoint de préparer Roméo et Juliette et lui propose de s’entraîner avec Clément (Baptiste Lecaplain, LA jolie surprise de ce film), jeune inconsistant censé être inscrit en fac de droit et dragueur invétéré. Entre les deux, la rencontre promet d’être explosive…d’autant que se rêver comédien, c’est bien, mais Dieumerci arrivera t-il à en devenir vraiment un ?

© Wild Bunch Distribution - 2016
© Wild Bunch Distribution – 2016

Une tranche de vie, entre comédie et drame

Comme dans ses précédents films, Lucien Jean-Baptiste s’est très largement inspiré de sa vie pour son nouveau film, « la prison mise à part » précise t-il, hilare, lorsqu’on lui demande d’où il tient ses idées.

Dans la première étoile, le réalisateur racontait avec force humour ses « souvenirs à la neige » et dans 30° couleur, son « retour aux Antilles ». Si son premier film a su charmer critiques et public, procurant au film une belle aventure cinématographique, le deuxième a été un échec commercial.

Lucien Jean-Baptiste a donc dû batailler ferme pour que ce troisième projet voie le jour.

Dieumerci ! n’est pas qu’une histoire de rêve; c’est aussi une histoire d’amitié. D’amitié, oui, car entre ces deux personnages atypiques que tout oppose, va se créer une sorte de lien improbable. D’abord forcés de se voir pour répéter alors qu’ils n’ont rien en commun et se supportent à peine, les deux hommes vont finir par s’entendre, s’apprécier et devenir bons amis et ce, malgré les nombreuses péripéties de l’intrigue et notamment leurs galères d’intérim. L’alchimie entre les deux acteurs est réelle et parvient à rendre encore plus crédible ce « buddy movie ». La seule petite critique serait que certaines scènes sont trop évidentes (on sait que les deux vont devoir faire équipe) et qu’un personnage, celui de l’Indien, aurait pu être plus fouillé.

Des débuts improbables

Le scénario est tiré d’un court-métrage, Intérim, de Gregory Boutboul. Ce dernier, déjà auteur du scénario de l’émouvant Amis publics, semble être un scénariste à suivre de près. Le film faisant suite à un échec commercial et n’ayant pas de « star hyper-bankable » au casting, il semblait difficile de trouver un financement extraordinaire. Le tournage s’est donc déroulé dans des conditions budgétaires restreintes, comme le confirme le duo d’acteurs principaux. Le réalisateur a pu s’appuyer sur une équipe soudée ainsi qu’un scénario de belle qualité. Lucien a ressorti son talent de scénariste qu’il avait utilisé sur la première étoile pour écrire des dialogues ciselés. Certains sont si drôles que les révéler ici serait gâcher votre plaisir ! Et contrairement à ce que l’on pourrait penser du mélange des genres comédie et drame, aucun pathos en vue dans ce film surprenant !

Lucien nous explique son choix de Roméo et Juliette 

Baptiste, Firmine, Michel et les autres…

Un film réussi, ce n’est pas qu’un scénario et un réalisateur au top, mais aussi un casting soigné, adapté aux situations et à l’univers du réalisateur. Là encore, Lucien Jean-Baptiste fait fort.

En effet, pour donner du corps à l’intrigue, il est entouré de sa famille de fidèles, que sont notamment Firmine Richard et Michel Jonasz. D’ailleurs, ils cumulent, à eux deux, parmi les plus savoureuses répliques du film, dont certaines devraient être un jour devenir aussi cultes que le « jour, nuit » d’un certain monsieur Ouille (« Jacqu » de son prénom). Mais ils n’ont que des rôles secondaires.

Il fallait à Lucien un comédien capable de lui tenir tête et qui soit également capable d’être détesté puis aimé par le public, tout en gardant une certaine naïveté. Car le personnage de Clément, rapidement détestable, s’adoucit avec le temps et devient quelqu’un de plus accessible, jusqu’à la vraie gentillesse désintéressée.

Autant dire que le pari, énorme, était loin d’être gagné. Là où la majorité des réalisateurs auraient misé, avec logique et prudence, sur un comédien aguerri mais jeune physiquement, Lucien Jean-Baptiste a pris des risques en engageant Baptiste Lecaplain. Car oui, disons-le franchement, Baptiste Lecaplain, même motivé, n’était pas franchement bankable ni même dans des films à succès lorsque le tournage a débuté.

Et pourtant. Lucien a eu le nez creux : l’alchimie entre les deux fonctionne à merveille et surtout, Baptiste Lecaplain n’est jamais dans la surenchère : il se contente d’être bon.

Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de son personnage, il le trouve « un peu tire-au-flan, un mec sympa mais qui n’est pas méchant. Il n’abuse pas du milieu aisé duquel il vient. Il a un côté cool et cherche simplement à profiter de la vie ». L’alternance entre scènes comiques et scènes plus dramatiques a également beaucoup plu au jeune comédien, dont c’est là l’un des premiers rôles d’importance. La rencontre décisive avec Lucien Jean-Baptiste s’est faite par hasard, à Venise. Il sait que rien n’est joué d’avance et que rien n’est jamais gagné et cela semble lui convenir. Nul doute que ce comédien va taper dans l’oeil de nombreux porteurs de projets cinématographiques et télévisuels. C’est tout ce qu’on lui souhaite, en tout cas.

Lucien nous parle également d’Olivier Sitruk, comédien cher à la Caverne du Sériephile

Pour clore cette partie consacrée au casting, il me semble important de rappeler que Lucien a longtemps été un comédien spécialisé dans le doublage.

Au cinéma, il a notamment doublé Don Cheadle (sur la saga Ocean’s), Chris Rock (Bad Company, Nurse Betty), Terrence Howard (Prisoners, Iron Man, Quatre frères), Will Smith (Independance Day), Jamie Foxx (Comment tuer son boss 1 et 2)…

Côté séries, il a doublé des personnages très importants dans Boomtown, The Wire et The West Wing.

Le doublage lui manque mais il est très pris donc c’est difficile pour lui même si tout reste ouvert, comme il aime à le préciser.

Dans Dieumerci !, il s’entoure de quelques pointures du doublage comme Jacques Frantz (VF de Robert de Niro et Mel Gibson) en affreux patron de boîtes d’intérim et Alexis Tomassian (VF de Justin Timberlake au cinéma et VF sur des séries comme Scrubs, Taken/Disparition ou The 100) dans un petit rôle surprenant. Un clin d’oeil très sympa, surtout pour les fans de doublage.

L’hommage aux artistes d’antan

L’emmerdeur est un film-référence, confirme Lucien Jean-Baptiste. Le fait de nommer le cours de théâtre cours Ventura, est également le souhait du réalisateur de penser à toutes ces pointures, brutes de décoffrage et talentueuses, qui ont bercées son enfance et grâce à qui il s’est rêvé comédien : les Ventura, Blier…

Un public réceptif jusque-là mais tout reste à faire !

Quand on lui demande ce qu’il retient de cette tournée d’avant-premières, Lucien se dit « très heureux car les gens sortent bouleversés, touchés » et la pression commence doucement à monter, même s’il est conscient que tout se jouera réellement le mercredi 9 mars, jour de la sortie nationale.

Ce film est quasiment autobiographique, comme le confirme le comédien-réalisateur. Il espère que son expérience « parle au plus grand nombre » et personnellement, je trouve que c’est le cas dans ses 3 films.

Lucien Jean-Baptiste est persuadé que lorsqu’on a un rêve, il faut le suivre, même si c’est difficile et même si la pression extérieure, en particulier familiale, peut parfois décontenancer.

« Faisons-nous plaisir et soyons heureux et forts », message quasiment final de Lucien Jean-Baptiste, pourrait en réalité devenir le parfait résumé de cette belle découverte cinématographique.

Dieumerci !, mi-drame social, mi-comédie, est également, nous l’avons vu, un message d’amour envers le théâtre et le difficile parcours du combattant des apprentis comédiens.

On prédit un beau succès public et critique au film, à l’instar de la première étoile.

En tout cas, la Caverne du Sériephile est conquise. 

Dieumerci ! est une bouffée d’air pur, de bonheur et de persévérance dans le cinéma français, servie par des comédiens justes et touchants. Une comédie touchante, à voir dans toutes les bonnes salles de cinéma, à partir du 9 mars.

Note finale : 4.5/5

Merci à l’attachée de presse ainsi qu’à l’équipe du film, sans oublier celle du Gaumont Reims-Thillois.

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